Le jour où le
Squash Egyptien est devenu orphelin
Dans
la nuit du 5 mai 2018, la lumière qu'était Dr Samiha Abou
ElMagd s'est éteinte.
Après six ans d'une bataille acharnée contre un cancer des
ovaires, la "Mère du Squash Egyptien" a décrété qu'il
était temps de se reposer.
Membre éminent de la Fédération Egyptienne de Squash de 1992 à
la fin de 2017, le Dr Samiha - c'était son surnom dans le
monde du Squash car elle était chirurgienne spécialisée en
optalmologie - s'est battue contre vents et marées pour
créer la première équipe féminine Egyptienne de Squash.
En
1993, elle a entraîné avec très peu de moyens son équipe, les a
amenées aux Championnat du Monde juniors par équipe.
Incroyable performance de cette toute jeune équipe qui crée une
énorme surprise en battant l'Angleterre pour arracher une
médaille de bronze.
"Nous nous sommes rendues à Anvers en 1999
pour la même compétition junior, et nous l'avons gagnée"
disait-elle il y a quelques mois. "Et avec cette même équipe,
sauf une des joueuses qui fut blessée dans un terrible accident
de voiture, nous avons gagné la compétition senior en 2000 à
Edinbourg.
Raneem El Welily, la première athlète Egyptienne à
atteindre la place de numéro 1 dans aucun sport fait
partie de cette génération couvée par Dr Samiha.
Elle déclarait à l'issue du dernier Championnat du Monde Féminin
par Equipe "Nous voudrions dédier ce titre et cette victoire
au Dr Samiha, sans elle, nous ne serions pas ici, et le Squash
Egyptien Féminin ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.
"Ce titre est pour elle," concluait la Championne du Monde
individuelle en titre.
Sa
coéquipière de 2016 - et de bien d'autres tournois par équipes -
Omneya Abdel Kawy, a été également dévastée par la
nouvelle de sa mort. "Je n'arrive pas à croire qu'elle est
partie, et qu'elle ne sera plus là pour me conseiller, me
soutenir et m'encourager.
C'est elle qui a persuadé mes parents de me laisser partir faire
mon tout premier British Open Junior, j'avais 10 ans. Et depuis
ce moment-là, elle n'a jamais cessé de me pousser à m'améliorer.
Elle ne ratait jamais un de mes matches, et me donnait ses notes
à la fin.
Que j'ai eu de la chance de la rencontrer, et aussi de gagner à
ses côtés mon dernier titre en 2016 à Paris. Je suis tellement
contente que les filles aient non seulement conservé le titre,
mais qu'elles l'aient dédié au Dr Samiya.
Elle le mérite. Et elle me manque terriblement "termine
Omneya.
"Dr
Samiha était l'un des piliers de notre sport, de notre pays, de
notre Fédération" déclarait le Président Assem Khalifa.
"Elle était déterminée, et avait une force sans égale. Nous
n'étions pas toujours d'accord, mais j'écoutais toujours ses
conseils, car elle parlait avec son coeur et avec honneur."
"Le jour où elle nous a quitté était un jour bien sombre, elle
me manque, elle nous manque énormément.
"Nous
ne pouvons pas ne pas lui dédier cette victoire par équipe, un
titre qu'elle avait gagné avec les filles à Paris en 2016, titre
que ses joueuses ont farouchement conservé en Chine.
Nous allons continuer de travailler très dur pour que l'Egypte
continue à gagner titre après titre, et pour conserver sa
mémoire et son héritage vivant," nous a confié le President
Khalifa.
Mona Makhlouf, la fille du Dr Samiha, a ajouté
"Ma
maman vouait une véritable passion à "ses filles" et au squash.
La dernière page sur internet qu'elle a consulté avant d'être
transportée aux soins intensifs était Pharaohsquash.com, la page
de la Fédération. Je l'ai vu de mes propres yeux alors que
l'infirmière la transportait hors de la chambre.
Elle ne ratait jamais un match de squash, surtout ceux des
filles, même s'ils étaient diffusés à 3h du matin.
Je sais dans mon coeur qu'elle était à leurs côtés lors de cette
compétition et qu'elle leur a murmuré "bravo, bien joué, je suis
tellement fière de vous" tandis qu'elles remportaient ce titre,
avec un immense sourire aux lèvres," concluait Mona.

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